Thierry Galindo

Thierry Galindo

Thierry Galindo

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Les débuts du triathlon. Si aujourd’hui je suis coach c’est en grande partie grâce à Thierry Galindo. Alors que je suis resté fidèle au triathlon, il a glissé progressivement vers d’autres sports outdoor. Rencontre avec un passionné.

Bonjour Thierry, peux-tu te présenter en quelques mots?

J’ai 46 ans, je suis natif de Grenoble, j’ai deux enfants de 17 et 20 ans et je suis passionné de sport et de montagne. J’ai suivi un cursus universitaire en STAPS et j’ai aussi plusieurs diplômes d’état dans différentes disciplines. Ensuite j’ai pratiqué et je pratique toujours beaucoup de sports outdoor en fonction des saisons (vélo/VTT,skifond/rando,course d’orientation…). Entraîneur depuis 1995 d’abord dans le triathlon et l’athlétisme, puis dans le VTT, le ski et le trail. Je suis actuellement entraîneur national à la Fédération Française de la Montagne et l’Escalade en charge des équipes de France de ski-alpinisme.

Comment es-tu venu au triathlon?

J’ai découvert le triathlon en 1989 lors de la diffusion des championnats du monde en Avignon en direct sur Canal+. Deux ans plus tard j’ai vu le triathlon de Grenoble avec Jean- Luc Capogna, qui était sponsorisé par la Ville d’Eybens où j’habitais, ça m’a fait rêver et décidé à tenter l’aventure. J’étais au départ de mon premier triathlon en 1992 sur le « promo » de Bourg en Bresse. J’avais aussi participé l’hiver précédent à un triathlon des neiges.

Rapidement tu es devenu entraîneur, quels sont tes meilleurs souvenirs?

Le travail d’entraîneur permet de vivre des moments intenses avec les athlètes, de grandes émotions, des joies mais parfois des déceptions aussi.  Comme tu t’en doutes, je me souviendrai toujours du premier titre de champion de France décroché par l’équipe junior Dauphiné- Savoie en 1997 à Castelnaudary, avec un adjoint en or 😉 et des athlètes surmotivés. Ce fut une belle fête avec tout le groupe et c’est toujours avec plaisir de les revoir pour évoquer ces moments. J’ai plein de bons souvenirs, de performances, de titres mondiaux, mais je dirais que c’est plus le partage avec les athlètes, l’histoire vécue ensemble qui reste encrée.

Parlons d’entraînement, comment préparais-tu les athlètes à cette époque?

En triathlon c’est très important d’arriver à gérer la charge d’entraînement des trois disciplines en fonction du profil du sportif. Chaque situation est unique et il y a énormément de paramètres à prendre en compte pour emmener à la performance. Je pense que j’ai toujours attaché beaucoup d’importance à la technique dans les trois sports et dans les transitions surtout chez les jeunes, c’est une base indispensable.

L’entraînement croisé avait-il une importance ou chaque discipline était préparée indifféremment ?

Evidemment il faut savoir jouer sur la répartition des disciplines au cours de la préparation, selon la période de l’année. Bien entendu on a très vite compris l’utilité de chaque sport et les bénéfices à en tirer. Il me semble que cibler des blocs avec une dominante sur un sport permet de passer des caps dans la progression. Mais globalement, arriver à organiser l’entraînement intelligemment autour des trois disciplines est primordial pour être efficace et éviter les blessures. Ce que l’on appelle l’entraînement croisé intéresse maintenant d’autres disciplines, en triathlon ça fait plus de 25 ans qu’on est dessus.

Tu es maintenant dans le staff de l’équipe de France de ski alpinisme, comment s’articule la préparation pré saison?

La saison de ski se termine en avril et après quelques semaines de répit on rattaque l’entraînement progressivement au cours du mois de mai. L’été est une période chargée avec beaucoup de vélo, marche-bâtons, musculation. Nous avons 5 à 6 stages avec l’équipe entre juillet et décembre pour suivre les athlètes et préparer l’hiver. On remet les skis en octobre avec du travail technique et foncier. Ensuite vient le travail spécifique avant les premières compétitions qui arrivent en décembre.

Thierry Galindo

La saison est assez longue, avec pas mal de déplacements, comment gères tu cette période(entraînement spécifique, musculation,…)?

La saison de compétition s’étend de décembre à avril, soit 5 mois, c’est plutôt court comparé à d’autres sports. Il faut essayer de cibler des pics de forme sur un ou deux objectifs principaux, mais l’enchaînement des courses est assez intense. Sur une étape de coupe du monde nous avons 2 ou 3 épreuves (Individuelle (classique), Vertical Race (montée) et Sprint) et quand elles s’enchaînent, il faut bien gérer la récupération en prenant aussi en compte la fatigue des déplacements (essentiellement en Europe). Des séances à basse intensité permettent de se régénérer et on rajoute quelques rappels techniques et d’intensités spécifiques.

Avez-vous mis en place un protocole de récupération spécifique?

Sur un déplacement en coupe du monde ou lors des championnats du monde (1 semaine avec 3 ou 4 courses). Nous attachons alors énormément d’importance à la récupération. Pour les soins il y a des kinés qui suivent l’équipe. Nous avons des bains froids et la plupart des athlètes utilisent l’électrostimulation en mode récupération. On contrôle aussi l’état d’hydratation (densité urinaire) le matin. Mais le mieux pour la récupération reste le sommeil.

Je sais que tu te formes régulièrement, quelle sera ta prochaine formation?

Oui je pense que pour un entraîneur il est important de se former constamment. Je lis beaucoup, je suis curieux et tout le temps en alerte sur ce qui se fait dans le sport. Actuellement je suis toujours sur un diplôme de préparation physique avec l’INSEP, c’est un peu compliqué avec le contexte sanitaire actuel. A l’avenir je creuserai bien encore plus sur la préparation mentale ou la nutrition, deux paramètres importants dans la performance.